Tout commence un soir de tempête, chez Gallou la Brodeuse qui habite, avec une chatte, une chienne, une chouette et une salamandre, dans une maison de lave noire encerclée par les bois. Une femme vient gratter à la porte, une toute jeune femme, une adolescente, prête à accoucher. Gallou l’aide à mettre au monde une petite fille mais l’épreuve est trop douloureuse pour la jeune mère qui meurt en murmurant au bébé : « Tu me vengeras ».

Gallou enterre la mère et garde le bébé qu’elle appelle Garance en raison de sa chevelure rousse.
Et le temps passe rythmé par les visites de quelques amis de la Brodeuse : l’Aveugle, la Gitane, le Musicien…

La fillette court les bois et joue avec les animaux.
« Les bêtes sauvages, celles des bois, des collines... Toutes viennent vers la petite. Même la vipère se love à ses pieds. »
« La petite court en tous sens, elle veut tout voir, tout savoir !
Elle grandit à toute allure, mi-fille, mi-animale.
Elle passe ses journées à gazouiller, à grimper dans les arbres, à parler aux oiseaux des bois. Ils lui répondent.
Merle et corbeau, mésange, étourneau, rouge-gorge et moineau, rossignol ou loriot : Garance parle leur langue à tous... »
Au printemps, Garance trouve une petite renarde et l’adopte.
« – Te voilà avec une sœur... dit Gallou à l'enfant, en les contemplant. C'est vrai qu'elles se ressemblent, la fillette et la renarde...
Même pelage roux, même regard noir, même sauvagerie.
Le soir, elles dorment ensemble. Le jour, elles jouent. Inséparables. »

Outre le pouvoir de communiquer avec les animaux, Garance dispose d’un autre don. Elle sait trouver les sources. Il lui suffit de frapper le sol avec son bâton et l’eau jaillit. Une année de sécheresse, elle sauve les habitants du village en ranimant fontaines et rusiseaux. Mais bien vite, les gens oublient son aide et la traitent de sorcière. Sourcière, sorcière, les mots sont proches et se confondent vite dans l’esprit des villageois sans mémoire.

Mais on découvre bientôt une partie encore plus sombre de cette histoire en croisant la route de Guillaume, le « Saigneur ». « Tel est le nom qu’on lui donne… car il en a répandu, du sang. Celui des filles à peine nubiles qu’il a déflorées ; celui des hommes qu’il a occis. Sans nombre, les unes et les autres. » Il terrorise la région avec sa horde de Moines Rouges qui saccagent, pillent et violent sans la moindre pitié.
Pourquoi Guillaume est devenu ce monstre sanguinaire, on le comprendra, mais rien ne justifie les crimes qu’il ne cesse de commettre.

Les années passent, Garance devient une jolie jeune fille et Guillaume, qui la voit nue se baignant dans une rivière, décide qu’elle doit être à lui. Et quand le Saigneur éprouve un désir rien ni personne ne peut s’y opposer…

Quand un serviteur se présente chez la Brodeuse pour dire que Garance est attendue par Guillaume en son château, la peur et la colère s’emparent de Gallou et ses amis. Seule, la jeune fille réagit avec calme et détermination. « Dis à ton maître que je n’ai pas peur de lui : je viendrai demain matin. »

Élise Fontenaille souffle le chaud et le froid au fil de ce roman, alternant la douceur (bonheur, amitié, communication avec les animaux, chant et musique) avec la cruauté des villageois, de Guillaume et de sa horde de moines assoiffés de sang.
Les pouvoirs dont disposent Garance et ses proches suffiront-ils à combattre la violence du Saigneur ? Suspense…
Voilà une lecture qui réjouira les amateurs de fantasy et de contes extraordinaires, une belle occasion de s’évader du quotidien pour s’aventurer sur les sentiers mystérieux de l’imaginaire.

Serge Cabrol 
(05/03/21)    

Élise Fontenaille
a publié une quarantaine de livres pour les adultes et pour la jeunesse.