Retour à l'accueil du site





Élise FONTENAILLE


Missak et Mélinée
Une histoire de l’Affiche rouge



Le 21 février 2024 Missak Manouchian et son épouse Mélinée seront inhumés au Panthéon.  Mais qui sont-ils et qu’ont-ils fait pour que Missak et vingt-et-un autres prisonniers soient fusillés par les nazis au Mont Valérien le 21 février 1944 ?

Dans le roman d’Élise Fontenaille, c’est une vieille dame, Hermine, qui raconte leur histoire à Jibril. Hermine tient un petit resto dans le 20e arrondissement de Paris où Jibril, en se promenant, est tombé en arrêt devant une immense fresque murale (voir une photo ici).

Hermine raconte d’abord l’enfance de Missak.
En 1915, pour échapper au génocide arménien deux frères s’enfuient avec leur mère qui meurt en route. Missak a neuf ans, son frère Karabet en a treize. Ils sont recueillis par une famille kurde puis envoyés dans un orphelinat en Syrie.
« À l'orphelinat, sous protectorat français, Missak a la chance d'avoir un professeur formidable, qui parle français et arménien ; il prête à Missak des dizaines de livres. Et puis, très vite, toute sa bibliothèque, il lui en laisse la clé. […]
Missak s'engouffre dans Les Misérables, il y passe ses nuits.
La bibliothèque du maître est son refuge, son paradis.
Il découvre les poètes français : Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Apollinaire, François Villon... Leurs poèmes sont des fruits, il s'en régale. »
À vingt ans, grâce à son travail de charpentier, il arrive à réunir de quoi acheter deux billets de troisième classe sur un bateau pour la France. Et il embarque avec son frère. Tripoli-Marseille, puis Paris en train.

C’est à Paris, que Missak rencontre Mélinée, jeune Arménienne de son âge qui, après l’assassinat de son père, a été envoyée dans un pensionnat au Liban, avant de réussir à prendre un bateau pour la France. Elle apprend la sténotypie et devient secrétaire.

Missak et Mélinée se rencontrent dans un cercle amical arménien et connaissent une belle histoire d’amour.  
En 1936, ils vivent ensemble les grandes grèves ouvrières et l’avènement du Front populaire. « Une révolution par les urnes, qui apporte la culture au peuple, aux travailleurs. Des loisirs de qualité, et des congés payés. Encore un peu de temps pour vivre et se cultiver. »

Malheureusement, « le 1er septembre 1939, jour de l’anniversaire de Missak, Hitler envahit la Pologne. C’est la guerre. »
Ils font partie de la MOI – main d’œuvre immigrée. Qui deviendra bientôt les FTP-MOI, le réseau de résistance des immigrés communistes. Il rassemble des résistants très jeunes, venus du monde entier, regroupés par langue. »

Missak devient chef d’un groupe qui commet plus d’une centaine d’attentats : assassinats d’officiers nazis et déraillements de trains allemands pleins de SS et d’armes lourdes.
« Le commissaire David – le chef des forces spéciales aux ordres de la Gestapo – s’est juré d’avoir leur peau. Et pour ça, il a des moyens quasi illimités : des hommes, de l’argent, les pleins pouvoirs. Aucun contrôle : tous les moyens sont bons pour parvenir à leurs fins même les pires et surtout les pires. »

Pour donner plus de visibilité à leurs actions dans la presse, le groupe Manouchian décide d’assassiner le général Ritter, membre éminent du Parti nazi et un ami personnel de Hitler. »
L’attentat a lieu le 25 septembre 1943.
À Berlin, le Führer est en rage et la pression est renforcée sur le commissaire David.
Une première arrestation permet d’obtenir, chez un des cadres du FTP-MOI, « des noms, des codes, des listes de projets d’attentats… »
Et le 16 novembre 1943, vingt-trois membres du groupe sont arrêtés, au même moment, aux quatre coins de Paris et de la proche banlieue. Mélinée, qui s’est réfugiée chez les Aznavourian, échappe au coup de filet.
Après un simulacre de procès, les vingt-trois résistants sont condamnés à mort. Les vingt-deux hommes sont fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944. La seule femme, Olga Bancic, sera décapitée à la hache le jour de son anniversaire, le 10 mai 1944.

Le lendemain de l’exécution du groupe Manouchian, les nazis ordonnent qu’on placarde partout une affiche avec leurs visages et cette inscription en lettres capitales : DES LIBÉRATEURS ? LA LIBÉRATION PAR L’ARMÉE DU CRIME. Quinze mille affiches sont collées.
« Mais le message de peur et de haine voulu par la propagande nazie n’est pas passé. Sur l’affiche, les Français ont vu des héros. La nuit, sous leurs visages, des inconnus écrivent :  MORTS POUR LA FRANCE.

C’est toute cette histoire qu’Hermine raconte à Jibril, de façon humaine et en faisant revivre plusieurs membres du groupe, leurs rêves, leurs envies, et leur courage …

Élise Fontenaille dans une postface explique pourquoi elle a écrit ce texte, en hommage aux membres de sa famille qui étaient résistants et ont été tués par les nazis et de son grand-père qui a caché un jeune tailleur juif et a été nommé « Juste parmi les nations ».
« L’annonce de la panthéonisation des Manouchian m’a touchée en plein cœur, j’ai décidé de leur rendre hommage. »

Un livre émouvant et passionnant qui permettra à de nombreux jeunes (et moins jeunes) lecteurs de découvrir qui sont ces héros qui vont entrer au Panthéon le 21 février prochain.

Serge Cabrol 
(05/02/24)    

Pour compléter cette lecture, on peut consulter une page du site Eduscol créée à l’occasion de cette panthéonisation :
https://eduscol.education.fr/3736/missak-manouchian-entre-au-pantheon




Retour au
sommaire
Jeunesse








Rouergue

(Janvier 2024)
Collection doado
128 pages - 13,20 €









Élise Fontenaille
a publié une quarantaine de livres pour les adultes et pour la jeunesse.


Bio-bibliographie sur
Wikipédia





Découvrir sur notre site
d'autres livres
d'Élise Fontenaille :

Chasseur d'orages

Un koala dans la tête

La cérémonie d'hiver

L'été à Pékin

Le garçon
qui volait des avions


Le soleil et la mort

Pour un carré
de chocolat


Les trois sœurs
et le dictateur


Banksy et moi

La cité des filles choisies

Eben
ou les yeux de la nuit


La dernière reine d’Ayiti

Lili et la louve

La sourcière

La Malinche











L'affiche rouge